La géographie humaine, depuis qu'elle a pris conscience de son identité, a été constamment sollicitée par deux tendances contraires. Certains, considérant ce que les sciences physiques doivent au principe de causalité, ont cru possible de le transporter tel quel dans le domaine humain. D'autres, frappés surtout par la diversité des comportements, ont refusé à la géographie toute aptitude à formuler avec assurance des propositions quelque peu générales. Au déterminisme absolu des phénomènes physiques ils opposent le possibilisme non moins radical des faits humains.
En réalité, « contingence » ou « hasard », comme « nécessité » ou « déterminisme », sont de ces termes équivoques, très propres à entretenir de vaines querelles. Lorsque Vidal de La Blache écrivait que « tout ce qui touche à l'homme est frappé de contingence », il n'entendait pas renoncer à comprendre le « contingent ». Il voulait seulement mettre en garde, peut-être contre le finalisme métaphysique d'un Cari Ritter, sûrement contre le « scientisme » d'un Taine, contre le déterminisme rigide, sinon d'un Ratzel, du moins des ultra-ratzeliens.